(fb) qui veut épouser mon frère ?

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Hamish descendit les premières marches, puis sauta d’un pallier directement à un autre, passant par-dessus la rambarde pour s’accrocher au lustre et sauter un niveau plus bas, toujours dans ces interminables escaliers. Sur le dernier pallier, un bond sur la main-courante et il glissa tout le long avant de se réceptionner avec agilité. Une femme de chambre l’évita de peu, les bras chargés de linge qu’elle amenait à tremper avant d’être frappé sans ménagement durant des heures à la force seules de ses grosses paluches. Elle pesta alors que le jeune prince lui fit une révérence pour s’excuser, ou plutôt pour se moquer. Il était prince alors il n’en avait cure de qui il dérangeait ou non et encore moins les laquais. Les premiers a avoir souffert des blagues des Garçons, c’était bien les gens qui travaillaient au château. Et Mérida. Il traversa les couloirs passant par les cuisines. Il en ressortit avec un petit-quelque-chose.

Saluant des gens sur son chemin, il avait cette attitude altière et enfantine à la fois, cette flamme espiègle dans le regard et ce sourire insolent qui faisait sa réputation. Qui faisait la réputation des triplés tout court. Les Garçons étaient très appréciés au château, du moins par ceux qui ne souffraient pas de leur chantage et mauvais-tour. Malgré leur côté très calculateur et intéressé, c’était de braves jeunes hommes qui avaient le coeur sur la main. On leur pardonnait leur attitude quand on les voyait défendre corps et âme leur soeur, sans peur. Tout comme ils le font pour leur peuple. Hamish croisa alors Hubert. Ils se sont fixés alors que l’aîné ralentissait le pas. Hubert parlait avec son épouse. Cette dernière s’arrêta dans son discours et jaugeait son mari avant de suivre son regard. Elle soupira en voyant l’un des autres triplés. « Oh c’est pas croyable ! Je vous laisse ! J’ai compris ! Tarde pas, après tu me retrouve pour continuer notre discussion. » dit-elle en menaçant Hubert d’un doigt accusateur. Hubert allait encore se faire remonter les bretelles. Il aurait du le voir venir, il fixait le vide avant qu’Hamish ne vienne couper leur échange. « Tu ne te défiles pas ! » râla t-elle, agacé par la fusion qui unissaient les trois frères. C’était légitime. Un n’était déjà pas de tous repos, mais avoir toujours l’un avec les autres, c’était rapidement fatiguant. Fallait le dire, nos femmes étaient mal loties. Elles avaient rarement un vrai moment avec nous seul. On n’y peut rien. On n’est comme ça. On reste jamais loin très longtemps les uns des autres.

Hamish sourit à sa belle-soeur et prit sa place devant son cadet. Hubert porta son attention sur le petit quelque-chose si soigneusement empaqueté dans un torchon. « Izobel est dans le château, je sais… » dit simplement Hubert après un simple regard échangé avec son frère. Hamish sourit et hochait la tête. « C’est lui qui l’a emballé. » ajouta le plus vieux des triplés devant l’emballage parfait. Hubert eut un sourire pincé. « Tu sais, il est toujours très soigné quand il s’agit de ça » affirma Hubert en désignant ce que contenait le torchon. Hamish roula des yeux et se décolla du mur pour gagner la Grande Salle. Il s’arrêta après quelques pas et regarda Hubert par-dessus son épaule, avec un léger éclat d’autorité. « J’arrive. Je dois régler un truc. Je te rejoins » avait répondu Hubert en baissant la tête. Il préférait de loin regarder ses bottes qu’affronter les yeux un peu trop perspicaces de son frère. Un sens de l’observation qu’on avait tous chez les Dunbroch, mais entre les Triplés c’était pire, car ils se ressentaient. Hubert, lui... Il avait vraiment pas coeur à participer à ce jeu là. Il savait très bien ce que Hamish comptait faire.

Hamish arriva alors dans la salle où se trouvaient quelques grandes tables et surtout les trônes royaux. Les Garçons avaient troqué leur banc pour trois fauteuils soudés. Sur les dossiers, des ours étaient gravés. Celui du milieu avec une flèche, à gauche avec deux haches croisées, et celui de droite avec une épée, représentant les capacités militaire dans lesquels chacun excellait. Izobel était à l’une des tables. Elle était dos à lui. Il arriva brusquement sur le côté, prenant place sur le banc, juste à côté d’elle. « Bien le bonjour sorcière préféré des Dunbroch. Bon c’parce que t’es la seule aussi, c’est vrai mais ! Avant que tu ne penses m’achever avec cet argument, j’ajouterais : qu’on aurait pu n’avoir qu’une sorcière laide, qui pue et méchante… Heureusement ! On a eu de la chance. » commençait-il déjà, arborant un sourire fière de sa bêtise. Les Triplés étaient de grands orateurs. Enfin, ils aimaient parler et la jouer avec théâtralité. Hubert l’était peut-être moins, mais c’était difficile de se faire une place face au leader du trio qu’était Hamish et l’enflammé Harris.

Le roux posa alors le petit package, adorablement enveloppé dans son torchon aux entrelacs celtes. « Harris t’as fait ça. On devait aller te l’apporter demain, mais comme t’es la meilleure d’entre toutes, bah t’es venue avant. Donc on s’farcira pas l’allée-retour. Merci de participer à notre procrastination. ». Il fit une pause pour pousser le colis vers Izobel. « C’est une tarte aux mirabelles. C’était pour te remercier de ce que tu as fais la dernière fois. Il aurait bien aimé te le dire et te donner ça en personne, mais il est consigné dans ses quartiers. » soupira t-il, comme peiné pour son frère. Il en avait clairement rien à faire. Ce dont parlait Hamish, était l’intervention très récente d’Izobel sur Harris. Hamish revenait de son tout premier séjour à Wonderland juste après son mariage – et la mort de leur mère. Harris s’était retrouvé un peu tout seul et en voulait tout simplement à Hamish. Alors quand son frère est rentré, il s’est tout simplement enfui, crachant des paroles pleine de haine à l’aîné avant disparaitre dans la forêt. Il était sous sa forme d’ours et plus longtemps ils le restaient et plus ils devenaient sauvage pouvant atteindre un point de non-retour. Une chance, Izobel par le biais de ses talents avaient réussi à le faire revenir à lui et l’avait veillé lors de ses deux jours d’inconscience. Mérida l’avait puni quand il est rentré tout simplement. Elle n’avait pas vraiment réfléchi, car elle aussi souffrait des derniers événements, que son frère lui avait manqué et elle avait d’autre chat à fouetter que de gérer les crises puérile d’Harris. Au moins dans sa chambre, il ferait moins de connerie qu’elle a du penser.

« Tu sais, c’est quoi le plus insensé ? » continua Hamish en fixant le gâteau avec admiration. « C’est que c’est bon ! Mais vraiment trop bon. Je suis épaté à chaque fois. Il est capable de réduire à néant une armée lors d'une bataille et faire des gâteaux qui sont délicieux… Il est doué de ses mains hein ! » dit-il en hochant la tête, comme réellement épaté. Il le pensait vraiment quand il disait être admiratif devant le talent de son frère, mais là il sur-jouait un peu. Beaucoup. Il fit une nouvelle pause. Une pause qui le trahissait. Elle pouvait le sentir venir à des kilomètres. Son rictus mutin brillait au coin de ses lèvres, comme s’il se marrait déjà ou savourait une victoire. Il gratta la table de l’index, l’air pensif mais sur l’air-de-rien. « Tu te rends compte… » prenait-il le temps de laisser croire à de la spontanéité. Il avait entendu dire qu’Izobel était au château et tout de suite, il avait pensé à la pâtisserie qu’Harris avait vraiment faite et que Hamish et Hubert devaient réellement apporter le lendemain. Et son plan d’attaque était déjà fait, alors qu’il se pendait au lustre et sautaient des marches. « Tu pourrais manger de ces choses là si souvent, en étant sûr d’être en sécurité avec un guerrier hors-pair. Ce bonheur, que tu peux toucher du bout du doigt... Pour l’obtenir, il te suffit juste de l’épouser. C’est pas tous les jours qu’on peut trouver un tel époux doué en tant de chose… Du sang et des douceurs ! Je suis sûr que c’est le genre de chose qui te font frétiller dans la vie. » et sa voix était plus clair, plus ironique car il se retenait de ricaner. Il assumait lui même que cette énième tentative d’entremetteur était foireuse. C’était un peu gros. Cela faisait un moment qu’il la travaillait au corps et lui demandait d’accepter de se marier avec Harris. Elle était potentiellement une femme qu’il tolérait comme épouse. Ils s’entendaient si bien tous les deux. Tout le monde était d’accord, Mérida et leur père. Alors Hubert et Hamish devaient s’en charger, pendant qu’un père épaulait sa fille à son rôle de reine qu’elle portait désormais seule. Hamish en faisait une mission personnelle. Vu comme il s’est payé ma tête quand j’ai du y passer, je vais pas le lâcher. Il se mariera quoi qu’il arrive. Même si c’est pas elle. Je le laisserai pas s’en sortir comme ça.

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A peine arrivé qu’elle roulait déjà des yeux. Cela ne démotiva pas notre cher Hamish qui continua sur le même ton ainsi que de glorifier la réputation de son frère. Le but, le faire passer pour le mari parfait. Aujourd’hui, il avait l’occasion de montrer les talents de pâtissier que possédait son frère. Elle avait presque regardé la pâtisserie qu’il avait découvert de son torchon avec une prestation exceptionnelle. On se serait cru à l’une des cours dans le centre du Merveilleux, genre chez les Damnare. Un détail qui n’avait pas échappé à Hamish, jetant un bref regard au gâteau et reportant son attention à la sorcière. Il n’en démordait pas pour autant. Il en fallait plus pour qu’il abandonne. Izobel finit par goûter la tartelette en lapant son doigt sur les fruits et la compotée. Hamish sourit. Non, il n’avait pas drogué le gâteau, il espérait juste que le talent de son frère serait si grand qu’elle finirait par être conquise par l’idée.

Il espérait un peu trop grand sûrement, car elle lui exposait tout le contraire d’une voix calme, ou presque. Elle parlait que c’était injuste de forcer le mariage entre deux personnes. Forcément, elle pouvait râler, elle n’est qu’une sorcière. Des enfants de paysans… Elle sait pas ce que c’est. Elle a cette liberté. Après, je lui offre une vie de château et la sécurité. Je comprends pas des fois qu’on ne prenne même pas le temps d’y réfléchir un minimum. « Euh amoureux ? Tu vas un peu loin » le reprit Hamish, se passant les mains sur le visage et dans les cheveux de façon nerveuse. « J’en suis pas encore là. Je l’aime bien, elle est... mignonne. Mais mazette, qu’est-ce qu’elle est sotte ! J’en peux plus… Et ils sont tous dingues là-bas. » soupira t-il en parlant des habitants du Pays des Merveilles. « Au moins, Harris, il t’aime bien. Vous vous entendez super bien en plus. » répétait-il pour la énième fois. « Il est pas trop pour, mais il a quand même dis que si c’est obligé, peut-être que oui toi ça peut passer. Il saura qu’il tombera pas sur une idiote comme la mienne ou une chineuse comme celle de Hubert. C’est vrai. Toi t’es entière et marrante, tu remontes le niveau question belles-soeurs. »

Puis, à force de l’embêter, Hamish finit par récolter ce qu’il avait semé. Elle avait fini par l’agacer et taper là où ça faisait mal. Il l’avait cherché peut-être, mais il était aussi humain et un sanguin. Lajalousie et la compétition entre ces frères étaient inévitables. Être triplés c’était pas facile tout les jours. Une partie de trois et pas une entité propre. Même pas entier. Elle se moquait ouvertement de lui en jouant de ses pouvoirs sur la pauvre pâtisserie. Si Harris savait comme ces deux là avaient fini par souiller ce dans quoi il avait mis du coeur à l'ouvrage, il le leur aurait fait bouffer par le nez. Hamish avait perdu son un air si avenant et heureux. Il la regardait avec dédain, accoudé à la table, la tête lourdement posée sur sa main. Il ne dit rien, il attendait juste qu’elle finisse son petit numéro. A lui de se montrer insolent. Tout aurait pu s’arrêter à sa phrase dite la bouche pleine et la tension serait redescendu. La servante s’éloignait avec la tartelette, Izobel finissait sa bouchée. Et les paroles furent comme des poignards. Il ne pouvait plus prendre sur lui.

Hamish frappa violemment du poing sur la table. La servante avait sursauté alors qu’elle quittait la grande salle. Elle s’arrêtait un instant pour tendre l’oreille, curieuse et soucieuse. Il n’arrivait plus à retenir sa douleur et son amertume. Il s’était légèrement relevé et penché vers elle, comme un ours près à en découdre. « Et pourquoi il y passerait pas hein ! Pourquoi lui aurait la chance de s’en sortir tranquillement ? Parce qu’il a une tare et préfère les garçons ?!! Ben voyons ! ». En entendant ces mots, la servante préférait partir que continuer à laisser trainer son oreille. L’homosexualité d’Harris était un sujet délicat. En général on n’en parlait pas, alors quand on le gueulait ainsi, mieux valait être témoin de rien. Il enjamba le banc pour faire quelques pas. « Ta fille du boucher, j’en ai cure ! J’aurais réagis de la même façon qu’avec mon mariage avec Adèlaïde… » reprit-il plus calme, mais la voix froide et ferme. « Reine ou roturière, ça fait aucune différence. J’aurais été pétrifié de peur et cette horrible impression que le sol se dérobe sous tes pieds. Tout s’écroule... Je venais de perdre ma mère ! On n’a fait la cérémonie deux jours après et on n’en parlait plus. Voilà, c’était fait. « Maman est morte et tu va partir avec ta femme que tu connais à peine dans son immense royaume indépendant que tu connais encore moins. » Il se tournait vers Izobel, un défi insolent dans le regard. « Alors ? Pourquoi lui il aurait le droit d’y échapper ? Pourquoi il le mériterait ! Celui qui se casse le plus le cul ici, c’est moi !!! C’est nous qui devons veiller à protéger notre famille et notre royaume et comme c’est moi qui est le liant des « Garçons », c’est moi qui porte tout sur mes épaules. ». Il fit une pause pour se calmer. Il y avait plus de la détresse dans son ton. Il prit une grande inspiration. « En plus, Harris c’est le plus irresponsable de nous trois… » ajouta t-il avec une attitude puérile. C’était son frère après tout, il l’aimait mais voilà parfois il en avait un peu ras-le-bol.

Il finit par se rasseoir, mais sur le banc de la table d’à côté, se positionnant face à Izobel. Il avait les deux mains sur le visage comme éreinté par tout ces tourments qu’il venait enfin de libérer. Il n’en avait encore jamais parlé à personne. Il n’avait pas eu le temps, ni trouvé la bonne personne encore pour le faire. Il finirait par trouver son compte avec Adèlaïde pour lui partager tous ces soucis, mais il lui fallait encore un peu de temps. Il resta un bon moment silencieux, avachi sur son banc, toujours la tête dans les mains, anéanti. On aurait cru qu’il revenait d’une session de chasse. Il finit par soupirer et s’accouda à la table derrière lui. Son regard était porté sur tous les sièges de la famille Dunbroch, alignés faisant front et tous unis. « Tu sais pourquoi je t’ai demandé ? Car on sera pas éternels. C’est ce que me disait ma mère, c’est ce que me dit Mérida et c’est ce que je dis à Hubert et Harris. Si le jour arrive où on se retrouve seul, autant que ce soit bien accompagné pour nous aider à surmonter les pertes. Adèleaïde est une simple d’esprit mais elle est bienveillante et sait prendre soin des autres. L’autre est chiante, mais elle a une grande force de caractère, une femme forte pour veiller sur le plus fragile de nous trois. Toi, tu peux porter Harris. Je te fais assez confiance pour ça, c’est tout. C’est à moi que reviens ce rôle en réalité. Car la personne qui nous connait le mieux après notre mère, c’est moi. Puis parce que je suis le seul qu’Harris écoute vraiment. Je dois protéger ma soeur et désormais je dois trouver une femme pour protéger le bonheur de mon frère... Vous ne vous rendez pas compte du poids de ce genre de responsabilité. » avait-il ajouté plus bas, comme une plainte.  

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