it's all you'll know. (ginger)

Votre avis sur la magie ?
J'imagine que nous parlons de magie comme en use The Witch ? Je ne considère pas mes dons comme de la magie, plutôt comme une compétence en musique accordée à un instrument divinement taillé, ou comme un travail sur la parole et sur les mots pour le côté conteuse, alors mon avis n'a pas de nuances. La magie, c'est de la merde. C'est l'outil des fainéants, des hommes et des femmes sans talent. La magie n'a pas lieu d'être, si ce n'est dans les fantasmes des plus jeunes. Et ça, mes ancêtres l'ont bien vite compris, eux qui étaient pourtant fascinés par ce que peuvent apporter les mondes fantastiques.

Quelle était votre place avant le conflit avec The Witch ?
Je n'avais pas de place. Vagabonde, je ne me suis jamais fixée nulle part. Mais mes idéaux allaient tous vers ce jeune groupe de Rebelles. C'était si jouissif de voir un groupe magique se protéger toujours un peu plus jour après jour pendant que dans leurs campagnes, la meute des opposants ne faisait que croître. J'ai prêté main forte aux Rebelles, toujours dans l'ombre et la discrétion. On égorgeait le peuple dans les auberges où se tenaient les réunions secrètes, on poignardait les potentiels opposants dans des ruelles sombres à l'abri du jour. Alors je les vengeais, du mieux que je le pouvais. Je rendais oeil pour oeil, dent pour dent, et de façon plus sournoise, la peur que la Magie instaurait chez ceux qui deviendront les résistants. Mais je ne prenais pas parti. Moi, je suis une descendante de réels, et mes parents ont été assassinés pour cette faute qui ne fut aucunement un choix. Si j'exprimais ouvertement mon avis, je me plaçais comme cible. J'en étais déjà une à cause de mon sang, je ne souhaitais pas doubler ma peine. Mon soutien silencieux me contentait.

Pourquoi ce camp ?
Par défaut, je dirais. Je n'ai pas eu la chance d'être une habitante du Pays des Merveilles ou une fille perdue au Pays Imaginaire pour avoir le choix de me foutre de tout. Moi je suis née au milieu de la galère, j'ai vécu la galère et subi les conséquences de la tyrannie de la Sorcière mal-aimée. Alors je n'avais plus qu'à faire un choix entre les barbares et les résistants après le début de l'Exil. Et ce fut assez facile. J'étais déjà de l'avis des Rebelles avant, pourquoi ne pas continuer sur ma lancée ? Participer à l'ambition d'un chef barbare, ça ne me correspondait pas vraiment. Il n'y avait qu'en les Résistants que je me retrouvais.

Ginger avait retrouvé quelques miettes en pleine forêt. Elle connaissait l’histoire du Petit Poucet, et elle savait la mauvaise idée qu’il avait eu de semer des morceaux de son pain dur pour retrouver ses pas. Mais cette nuit, aucun corbeau ne criait au sommet des arbres. Quelque brindille craquait sous l’ombre de la silhouette frêle et silencieuse, mais les deux enfants dans la clairière pensaient à un lapin craintif, peut-être à un drapeau égaré. Ils étaient si jeunes.