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Dim 15 Jan - 21:54

E. Moïra Fawkes

i've been living life like a pendulum, swinging side to side, never moving on.


nom. Fawkes. Un nom bien connu sur la petite île, puisque c'est celui de l'un des membres du conseil. Moïra, c'est sa fille.
prénom(s). Elle a eu droit à deux prénoms à la naissance. Elizabeth c'était le choix de son père. Moïra celui de sa mère. Et comme ses parents n'arrivaient pas à tomber d'accord, ils ont choisi de garder les deux. Elle, elle a toujours eu l'habitude du deuxième, alors c'est le prénom officiel.
âge. Moïra a fêté ses vingt-et-un ans l'année dernière, autour d'un bon verre entre potes. Ça a finit au port, la moitié du groupe vidant leur estomac par voie orale dans l'eau sale. C'était un bon moment.
conte. L'histoire du Panthom Manor, mais aussi la mythologie gréco-romaine.
personnage. Moïra Ravenswood, et Psyché.
date de naissance. Le vingt-deux mars d'il y a bientôt vingt-deux ans, à vingt-deux heures et vingt-deux minutes.
situation familiale. Côté parents, tout baigne. Elle ne peut pas avoir un cadre familial plus idéal. Côté coeur, elle est fiancée au directeur de l'hôpital - et accessoirement membre du conseil lui aussi. Même si elle ne s'empêche pas d'explorer de temps en temps. Ce qui ne se sait pas ne blesse pas, pas vrai ?
orientation sexuelle. Hétérosexuelle.
profession. Gérante officieuse du cabaret de l'île la nuit. Et quand elle parvient à ouvrir les yeux la journée, c'est pour aller étudier les lois à la bibliothèque.
pouvoir(s).
+ vengeance. C'est ce qui a animé Psyché. C'est un pouvoir dont elle n'avait pas conscience, même dans son ancienne vie. Mais il a déjà agit. Avec Amour, par exemple. On l'attaque, elle renvoie l'attaque. Elle est touchée par celle-ci, mais son agresseur aussi, à même dose, parfois pire.
objet(s) magique(s). Aucun, si ce n'est son vibromasseur. Magie assurée.
groupe. Les exilés.
avatar. Emma Stone.

Anecdotes
Certains la pensent elle aussi atteinte de narcolepsie - comme Briar - mais il n'en est rien. Elle n'est juste pas tellement en mesure de dire qu'elle gère un lieu de débauche la nuit pendant que son glorieux père dort à poings fermés. + Cependant, les spécialistes de la psychologie humaine tendent à dire qu'elle est bipolaire. + À Riorim, elle a appris à jouer du violon, et s'est mise depuis tout récemment à apprendre le clavecin. La musique, c'est son dada. + Elle ne collectionne pas tant que cela les hommes. En tous cas pas juste dans le but de les collectionner. Même si vous avez la chance de devenir son plan cul, estimez-vous exceptionnel. Elle ne couche pas avec quelqu'un juste pour satisfaire un besoin primitif, elle le fait pour alimenter un lien entre deux personnes. + Elle est intouchable. + Elle a une très belle voix, avec un timbre légèrement cassé qui fait tout son charme. Elle se produit d'ailleurs de temps en temps au PsyChic. + Presque aussi hautaine que sa mère, elle a tendance à mal juger d'office ceux qui ont été élevés plus modestement qu'elle. +

questionnaire.

Votre avis sur la magie ?
« La magie ? Ce sont des fantaisies que l’on ne trouve que dans les livres pour enfants. C’est, à la limite, l’aventure que l’on peut trouver dans les rêves. Mais il n’y a pas d’avis à avoir sur la magie, ça n’existe pas, point barre. Je sais par expérience que lorsque j’engage un magicien pour animer une soirée au PsyChic qu’il joue sur les illusions, qu’il trompe le spectateur. Mais il n’y a rien de magique dans ce qu’il fait. Il y a juste de l’agilité, n’importe quel idiot avec de la motivation serait capable de faire la même chose. Pour moi, la science et la réalité, il n’y a que cela de vrai. Je laisse le reste aux malades, aux artistes, et à ceux qui auront raté leur éducation. »

Quelle était votre place avant le conflit avec The Witch ?
Moïra n’avait pas vraiment de place dans cette histoire de conflit. Elle était sur son petit nuage avec le fils de la déesse de l’Amour, puis dans la merde jusqu’au cou lorsqu’elle a eut rompu sa promesse, pour se soucier de ce qu’il se passait tout autour d’elle. Elle aurait dû, s’en soucier. Parce que sa belle-mère a eu l’intelligence de le faire à sa place, et d’en user pour se débarrasser de celle dont la beauté avait été odieusement comparée à la sienne. Aphrodite a en effet touché un mot à The Witch pour que cette dernière puisse inclure la femme d’Éros dans son lot d’exilés. C’était une belle façon d’éloigner le parasite sans avoir à se salir les mains. Maintenant la voilà qui se fait chier comme un rat mort, perdue sur une misérable île au milieu de l'océan.

Voulez-vous vivre autre chose que cette vie ?
« Bien évidemment ! Je me demande qui sur Riorim arrive à se contenter de ce que l’île peut lui servir. À croire que personne ici n’a jamais tenté d’aller voir ce qui se cache derrière l’horizon, nous sommes tous originaires de l’île, nous sommes tous voués à y passer nos jours et à y crever. J’étouffe dans cet endroit. Bien sûr, j’ai le PsyChic pour m’amuser et me permettre d’oublier la monotonie du quotidien ici, mais si j’avais la possibilité de trouver un yacht pour partir à l’aventure, je n’hésiterais pas une seconde. »

crackle bones


Derrière l'écran
pseudo. slitea toves.
prénom. Laurie Stella.
âge. La vingtaine.
pays. Wonverland.
fréquence de connexion. H24.
inventé ou scénario. Inventée.
comment avez vous connu le forum. Tu veux vraiment savoir ? Hihi
code. C'est moi qui l'ai fait Hihi
commentaires. Raclecue ! :please:
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Dim 15 Jan - 21:54

isle of flightless birds.

now my dear we are two golden leaves clinging desperately to winter trees.




l'éternel début:

La Beauté,
faite Femme. ❀


Un roi avait trois filles... ouais, non. Je ne vais pas commencer comme ça, ça sonne trop parfait, ça sonne trop serein, et ce n'est pas la vérité. La vérité, pour la comprendre, il faut remonter à avant ma naissance. Il faut savoir que dans mon monde, on vivait dans une époque un peu plus arriérée par rapport à aujourd’hui. Un roi ne se contentait juste pas d’avoir trois filles, il lui fallait simplement et nécessairement un héritier. L’homme que j’appelais Père, l’homme qu’un peuple appelait Majesté, s’était marié une première fois avec l’une des filles d’un couple royal voisin. De leur union, deux filles virent le jour. L’aînée déçu mon père, d’abord par son sexe. Et puis elle déçu tout le monde par son apparence trop affreuse pour la vue du commun des mortels. La seconde était Redival. Elle n’était pas laide, elle n’était pas belle. Elle aimait les bijoux et les parures, elle préférait les jolies robes contrairement à son aînée, qui elle se plaisait à se perdre non pas dans les nobles tissus, mais dans les ouvrages savants. Alors que Orual, la plus grande, était à carreaux dans une éducation stricte et sage, Redival ne trouvait de plaisir qu’auprès des jeunes garçons. Leur mère décédait alors que Redival avait tout juste onze ans des suites d’une maladie qui commençait à toucher notre région, une sorte d’épidémie que personne n’arrivait à faire taire. Mon père se remettait vite de la mort de son épouse. Veuf, il avait pour seule préoccupation de chercher une nouvelle femme, une qui serait capable de lui donner un héritier mâle. Car à notre époque, c’était toujours la faute de l’épouse si l’enfant n’était pas masculin, et l’on parlait de malédiction dès lors que le couple royal était incapable d’enfanter un véritable héritier pour le trône. Et déjà au bout de deux filles, l’on commençait à jacasser dans le peuple… Bref, mon père se remaria, donc. Il y eut déjà un différend entre mes soeurs et ma mère, car cette deuxième femme deviendra peu de temps après ma mère donc. Donc oui. Il y eut un différend, de ma mère envers mes soeurs parce qu’elles n’étaient pas de ses entrailles, parce qu’elles avaient eu une place dans le château avant elle, etc. Et de mes soeurs envers ma mère car elle remplaçait déjà la leur, morte trop récemment pour que mon père ne se remarie déjà. Et une année ne s’était pas écoulée depuis le remariage du roi qu’un nouvel enfant vit le jour entre les murs du château. Mon père avait fait masse de sacrifices aux dieux pour que ceux-ci lui permettent d’assurer la succession. Mais visiblement, ça avait été en vain, car il s’agissait bien encore d’une fille. Il s’agissait de moi, Psyché, l’enfant qui pour voir le jour avait mis fin à ceux de sa pauvre mère. Alors que l’on fêtait plus ou moins ma naissance, on enterrait par la même occasion ma génitrice. Je n’ai aucun souvenir d’elle, je n’ai eu aucun contact avec elle, et je me demande encore aujourd’hui à quoi aurait ressemblé ma vie si j’avais eu une mère, présente jusqu’à aujourd’hui à mes côtés. Les années passaient et l’on me considérait déjà comme une belle pièce. Plus le temps passait, plus je m’embellissait - sans vouloir me jeter des fleurs. Étonnamment, c’est d’Orual dont j’étais la plus proche. La beauté ne faisait peut-être pas partie de ses qualités, mais elle s’est présentée pour moi comme une véritable soeur, une mère aussi par moments alors que je n’en avais plus. Elle était bien plus âgée que moi, et pourtant la différence d’âge n’avait pas creusé de fossé entre nous. On aurait pu croire que je serais cul et chemise avec la seconde, avec Redival, mais sans vraiment pouvoir s’expliquer pourquoi, et je dirais maintenant que c’était là les premières manifestations de sa jalousie, nous ne nous sommes jamais vraiment bien entendues. Elle faisait bonne figure en public, mais je n’eus jamais droit à un seul sourire de sa part lorsque nous nous retrouvions dans un comité restreint.

Nous avions un peuple qui nous aimait, ou qui au moins nous soutenait. La maladie ne cessait d’atteindre les pauvres gens, et nous famille royale, nous n’avions pas vent de cela. Enfin pas tout à fait. Nous en entendions parler, mais c’était tellement loin de nous, tellement au-delà des frontières que formaient les trois mètres d’épaisseur de murs de notre château que nous ne nous en soucions guère énormément. Et puis est-ce parce qu’on m’avait aperçue me promener dans les jardins ou aux alentours du château, mais la rumeur comme moi ma beauté dépasserait même celle d’Aphrodite enflait, et je devenais alors le seul remède contre l’épidémie. Plus cette rumeur prenait possession des faibles esprits, plus les jours passaient, et plus la foule s’amassait devant les portes du château, réclamant du pain et la divine princesse pour calmer leur faim et guérir leurs maladies. C’en venait à un point où même derrière nos murs nous nous sentions assiégés. J’étais placée dans une chambre qu’on estimait sûre, en haut d’une tour pour qu’il soit plus compliqué de m’atteindre. Car c’était moi que l’on venait chercher, et même si je n’allais pas régner sur ce royaume, j’avais du sang royal dans mes veines et il fallait le protéger. Mon père était placé dans un lieu plus sûr encore. Même si on en voulait après l’une de ses filles, c’est sa vie qu’il sauverait en premier. Et puis un jour, pris de migraine, il ordonnait aux soldats qui me surveillaient de me laisser sortir, histoire de calmer tous ces gens qui ne s’arrêtaient jamais de me réclamer, de tous ces gens dont on ne savait si c’était l’estomac ou la bouche qui criait le plus. Je me retrouvais là, dehors sous un soleil claquant, ses rayons brûlaient plus qu’ils ne réchauffaient, perdue au milieu d’inconnus qui eux me connaissaient. J’étais au milieu d’eux, et j’étais censée les guérir. Je n’y connaissais rien dans le traitement des maladies, aussi j’entrepris pour gagner du temps de m’occuper de quelques uns, leur parler, les toucher. C’est là l’erreur qui causa ma perte, je pense. En les touchant, je transmettais les maladies, ceux qui été atteints ne connaissaient pas d’amélioration dans leur état et pire, des fois plusieurs maladies se combinaient pour les faire souffrir. Quelques semaines après mon intervention en public, on n’avait jamais vu un aussi grand nombre de mort en si peu de temps. Je n’avais pas pris sur moi dans un premier temps, je mettais la faute sur le Destin. Jusqu’au jour où, accompagnant ma nourrice au village - je le faisais parfois lorsqu’elle avait une course à faire - je reçu non pas le surnom de Psyché la Divine, mais celui de Psyché la Maudite. J’appris par ma nourrice, qui me disait-elle avait discuté avec la belle-soeur de la cousine du boulanger, qu’en voulant me nommer guérisseuse, j’avais condamné un nombre colossal d’innocents. Je n’étais plus une guérisseuse dès lors, j’étais une meurtrière. Petit à petit, on me déconseilla les escapades dans le village, au cas où un attentat serait fait à l’encontre d’un membre de la famille royale.

Jusqu’au jour où, la famine et la sécheresse ne s’arrêtant jamais, on pris une décision sans même que le roi soit au courant. À croire que plus les temps étaient durs, plus on en voulait au gars qui ne faisait que régner de son mieux. Un jour donc, le prêtre du temple d’Aphrodite vint nous faire une visite inattendue, accompagné de sa petite armée de fidèles. Après avoir embaumé l’air de l’odeur entêtante du temple, après un long discours pompeux, il nous demandait de faire un sacrifice humain. Le roi n’y trouvait pas d’inconvénient, jusqu’à ce que l’on précise qu’il fallait du sang royal. Alors mon père s’était mis à paniquer, à hurler, à ordonner tout et son contraire. Puis de nouveau s’est apaisé en apprenant que le sang royal à verser était celui de l’une de ses filles, de la dernière, le mien. J’étais la maudite, c’était moi qui avait offensé Aphrodite. Je devais être sacrifiée, du moins laissée au sommet de la Montagne Grise, celle que je voyais au loin depuis la fenêtre de ma chambre quand les nuages ne la cachaient pas. J’allais mourir de faim, ou de froid, à cause du soleil ou des bêtes sauvages, qui sait. Mais ma mort s’annonçait lente et douloureuse. Je ne pouvais pas me permettre de faiblir, pas devant autant de témoins, pas devant Orual. Je m’efforçais d’avoir une attitude royale, telle qu’on me l’avait enseignée, mais je n’en pensais pas moins. Mon aînée se montrait toutefois la plus touchée par l’affaire, elle qui avait toujours été pour moi un modèle de sagesse je la voyais alors fondre en larmes sur mes genoux, la veille de mon sacrifice. Elle voulait m’accompagner, mais touchée par la maladie, elle ne put se lever de son lit, et je dus faire le chemin vers la Montagne Grise seule au milieu d’une foule qui ne voulait que ma mort pour espérer mener une existence meilleure. J’espérais assez égoïstement que ma mort ne serait pas vaine, j’étais prête à me sacrifier, mais pas à mourir pour rien.

Il y eut toute une cérémonie avant qu’on ne me laisse seule, attachée à cet arbre. Je croyais devoir mourir sous une quelconque lame sacrée, ou vidée de mon sang goutte à goutte. Mais je ne pensais pas qu’on allait simplement m’attacher au rythme de quelques paroles aux divins, et me laisser ainsi. J’étais pieds et poings liés, et les noeuds étaient faits de telle façon que, malgré tous mes efforts pour me détacher, ça n’était pas possible. J’étais donc condamnée ainsi, à voir ma mort arriver doucement. À mourir de faim, ou de soif, ou de soleil. Je sentais déjà mon corps se décomposer alors que ça ne faisait sans doute pas une heure que je me retrouvais seule ici, habillée seulement de la robe blanche et fine que doit porter la Maudite au moment du sacrifice. Je devais attendre, je ne pouvais faire que cela de toute façon. Et alors que j’acceptais mon sort, le sommeil venait déjà me cueillir.

Quand je me réveillais, je me suis d’abord dit que j’étais morte. Je n’étais plus là où je m’étais endormie, je n’étais plus contrainte dans mes mouvements. J’étais dans un lit, le genre tout à fait confortable, le genre qui donne l’impression que l’on est allongé sur un nuage. Je devinais qu’il s’agissait d’un lit, car la pièce était entièrement baignée dans les ténèbres, c’était à peine si je distinguais quelques formes. Du moins, là encore, je devinais plus que je ne distinguais. Une voix masculine semblait résonner contre tous les murs, la voix de la Bête, je me disais. Car dans mon idée, j’avais été laissée intacte au sommet de la Montagne Grise pour maintenant servir de repas pour une quelconque bête au service d’une quelconque déesse. Et j’étais bien lotie, bien nourrie histoire de faire une bonne viande. Si je savais à ce moment-là à quel point je me trompais… Bref, la voix énonçait une poignée de règles et de droits. J’avais le droit de manger tout ce qui se trouvait dans cette demeure, je pouvais aller où bon me semblait tant que je ne quittais pas la propriété, il était inutile que je cherche à partir car je ne pourrais que me perdre, mais avant toute chose, il n’y avait qu’une seule vraie règle fondamentale que je ne devais surtout pas chercher, ni même imaginer, à enfreindre. Cette règle, c’était de ne jamais chercher à voir le visage de mon ravisseur - car c’était ce qu’il était. Grosso modo, je pouvais bien profiter de mes derniers instants de vie, mais je ne pouvais pas savoir qui allait me tuer. J’imaginais quelquefois que s’il y avait cette règle, c’était sûrement parce que la Bête était d’une laideur sans pareille. Je découvrais bien vite que la Bête était un homme. Et qu’avant d’être son repas, j’étais son amante. Ça durait un jour, puis deux, puis une semaine ou plus. J’avais cessé de compter. Mais chaque soir je pensais que ce serait le dernier, chaque matin je me réveillais soulagée d’être encore en vie et angoissée à l’idée de ce qu’il pourrait m’arriver le soir même. Je m’étais résolue aux règles qui m’avaient été imposées, même si celle qu’il m’était absolument interdit d’enfreindre me tentait chaque jour un peu plus. J’intriguais dans mon royaume par ma beauté, la Bête m’intriguait par sa laideur. Car si je ne l’avais jamais véritablement vu, je m’étais déjà imaginé des traits difformes, un corps aussi monstrueux que le sera son coeur le jour de ma mort. De plus, la règle devenait pour moi un moyen de mettre une fin à l’attente, l’attente d’être dévorée, l’attente d’être sacrifiée. Car si j’avais été conduite jusque ici, c’était pour connaître la mort, pas pour attendre pendant un temps trop long dans un endroit aussi luxueux pour une Maudite. Et sans que je ne cherche à la provoquer, l’occasion se présenta pourtant d’elle-même. C’était du suicide peut-être, mais je ne voulais pas vivre dans l’attente, et plus les jours passaient et plus l’envie me rongeait d’allumer une fichue bougie. Juste par curiosité, juste pour transgresser ce que je ne devais pas transgresser.

Cette nuit-là, la Bête s’endormait pour la première fois dans le même lit que moi. Je savais qu’elle dormait, je sentais sa respiration profonde et lente sur mon épaule, et même si la pièce était baignée dans les ténèbres, je ne devinais aucun mouvement à proximité. L’occasion était idéale. Cette nuit-là, je me remplissais de courage. Et enfin, c’était un courage lâche, car je profitais d’un moment de faiblesse de mon ravisseur pour passer à l’acte. Et là, tout se bouleversait. Toutes les idées que je me faisais à propos de la Bête étaient erronées, et par la même occasion, l’attente se terminait. En quelque sorte. Mais je vais déjà trop loin. J’avais allumé la bougie sur ma table de chevet, celle-là même que la Bête me demandait de souffler avant qu’il n’entre dans ma chambre. Je me tournais pour faire face à cette Bête. Et plutôt que tous les traits difformes que je m’étais imaginés, les siens était d’une perfection incroyable. Plutôt qu’un corps de monstre, l’homme était d’une beauté comme je n’en avais jamais vue. Plutôt que d’une Bête, j’avais affaire là à un Dieu. La surprise m’avait rendue stupide, aussi plutôt que d’éteindre aussi vite que possible la bougie, je restais sans voix, béate devant cet homme. Je ne remarquais même pas la goutte de cire qui menaçait de tomber, je ne remarquais même pas sa chute avant que l’homme ne se réveillant en criant, brûlé par un peu de cire, venue tâcher son corps parfait, venue tâcher un moment parfait. La dernière chose que je vis avant que les ténèbres ne viennent à nouveau, c’était le regard furieux de mon amant. La dernière chose que j’entendis fut la porte en bois qui claquait. Je réalisais ce qu’il venait de se passer, avec un temps de retard. L’émerveillement, l’enthousiasme de la découverte, la curiosité avaient fait place à un horrible sentiment de culpabilité. J’étais de nouveau seule, je n’étais pas pieds et poings liés, mais il me semblait que je n’avais plus qu’à attendre, à nouveau, pour voir ce qu’il adviendrait de ma vie.

Je n’avais pas eu à attendre longtemps. À vrai dire, même si j’eus du mal à trouver le sommeil, la fatigue vint tout de même m’emporter, aussi je me réveillais pendant ce qui me semblait être le début de soirée. Lorsque j’ouvrais les yeux, je prenais subitement conscience que mon visage se trouvait être à quelques centimètre de celui d’une femme. Je la reconnaissais tout de suite d’après les représentations d’elle dans notre royaume. C’était Aphrodite, la déesse de la Beauté en personne. Et croyez-moi, elle ne m’a pas accueillie les bras ouverts. Avec mépris et rictus, elle me proposait - sûrement par pitié - un marché. Un marché qu’elle pensait que je ne tiendrais pas. Comme Hercule, j’étais soumise à toute une liste d’épreuves d’apparence insurmontable. Et ma pauvre personne n’aurait sûrement pas pu surmonter ces travaux si je n’avais pas triché un peu. Je ne vais pas m’étaler là-dessus, mais j’ai eu le soutien de quelques divinités, qui ce sont manifestées tantôt au travers des animaux qu’au travers des végétaux. Mais Aphrodite n’était pas dupe, et pour triompher, je devais accomplir une toute dernière épreuve. Je devais descendre aux Enfers, et à partir de là, plus personne ne pourrait m’aider. Je devais venir dérober une crème de beauté de la reine du monde souterrain, Perséphone en personne, et la rapport à la déesse de la Beauté. Tout avait l’air si simple, je suis sûre que même les dieux se sont dit qu’il était inutile de tenter d’intervenir. Le voyage semblait périlleux, mais étant dans une mission spéciale, je n’avais rien à craindre. J’avais juste à demander un simple objet, mais j’ai toujours eu le don pour me compliquer la vie. La curiosité l’avait une fois de plus emporté. Bref, mon aller aux Enfers se passait comme sur des roulettes, même lorsque j’étais venue voir la reine en personne, je n’eus pas trop de mal à obtenir ce que j’étais venue chercher. Mais plutôt que de me contenter de remettre l’objet dans les mains d’Aphrodite, j’avais ouvert le pot de crème, seulement et uniquement par curiosité. Et puis le flou. Je crois que la Malédiction est tombée pile à ce moment-là. Mon entrée dans le monde dans lequel je suis actuellement fut théâtrale… car c’est au moment d’ouvrir le pot que le brouillard m’engloutit. C’était sûrement un coup d’Aphrodite. Il n’y avait qu’elle.

crackle bones
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Dim 15 Jan - 21:54

welcome to my world.

all your friends fertilize the ground you walk, so lose your mind.




Au bout de l’allée pavée, encadrée de chaque côté par les lauriers roses, se trouve un immense manoir. Il ne fait pas concurrence au manoir d’à côté, mais il a son charme et transpire le luxe. Quand on passe l’immense porte d’entrée en bois massif, on arrive directement dans le grand salon. Il vous suffit de lever les yeux pour admirer le grand portrait familial peint à l’huile. Il date un peu. À gauche, on voit un grand homme en costume : c’est le propriétaire des lieux. Monsieur Fawkes est un membres éminent du conseil municipal, et un ami proche du Monsieur le Maire de Riorim - ils ne sont pas voisins pour rien. Homme toujours occupé et avalé par son travail, il permet tout de même aux membres de sa petite famille de jouir de sa fortune colossale. Madame, à droite sur la peinture, est persuadée que ce sont d’autres femmes qui l’accapare autant et l’empêche de profiter de sa demeure familiale comme un père devrait le faire. Madame est petite, toujours très bien apprêtée, toujours à la pointe des tendances. C’est une femme du Monde, elle aime organiser régulièrement de beaux dîners en compagnie des plus grandes personnes de l’île. Paranoïaque, perfectionniste, pointilleuse, elle met aussi beaucoup de pression sur les épaules de sa fille, la petite chose au centre du tableau. Elle est représentée pas plus haute que trois paumes, des cheveux auburn et bouclés encadrent son visage laiteux et ses joues remplies.

Moïra a toujours vécu dans ce manoir. Elle a grandit avec sa mère trop présente, son père trop absent et sa voisine narcoleptique. On lui a bien sûr fourni une éducation riche, apprit les manières des plus grands, enseigné les danses de salon, comment bien se tenir, comment bien parler, comment être parfaite en toute circonstance. On attendait d’elle qu’elle hérite de la grâce et de la beauté de sa mère, mais aussi de l’intelligence et le sens du travail acharné de son père. Et elle s’était efforcée de répondre à ces demandes pendant de nombreuses années. Aujourd’hui elle étudie les lois et l’astronomie, quand elle a le courage de se lever de son lit pour quitter l’îlot et rejoindre la grande terre. Quelle idée, d’avoir placé la bibliothèque à l’autre bout de Riorim ? Quelle idée, de ne pas avoir inventé la téléportation ?
Mais Moira s’est vite aperçue qu’elle s’ennuyait ferme. Que Riorim n’avait rien à lui offrir de divertissant. Une fois que l’on avait fait le tour de l’île, alors il n’y avait pas grand chose de plus à faire. Les boutiques ne se renouvellent pas si souvent que cela, et puis Moira a déjà tout chez elle. Les animations insulaires ne sont pas si fréquentes, et celle qui se rapproche le plus de l’idée d’amie pour la jeune Fawkes passe son temps à dormir.

Alors elle a investit. Il y avait un vieux local sur Riorim, laissé à l’abandon près de l’Assommoir. Sans en parler à ses parents, elle l’a racheté. C’était de toute façon une petite somme, qui ne nuirait pas à son compte en banque. Et même si ç’avait été une somme plus grande, ses parents se seraient sans doute dit qu’elle avait fait quelques emplettes. Elle avait la chance de ne pas être traquée dans ses dépenses. Alors puisque l’île ne lui offrait pas assez de loisirs, elle se permit d’en créer elle-même. Actuellement, ses parents ne sont toujours pas au courant de ce qu’elle a fait, cela ferait une tâche sur la réputation de la famille. Et à vrai dire, personne hormis quelques privilégiés savent qui est réellement la gérante du PsyChic. Elle a passé de longs mois à redorer l’apparence du local, à en faire un lieu à son goût. C’était son petit business, son petit commerce, son bébé. Et quand elle put employer assez de monde pour le faire vivre, elle l’ouvrit. Le PsyChic était un lieu de débauche pour les parents Fawkes. Boissons alcoolisées coulant à flots, pistes de danses, comptoirs, danseuses et danseurs réveillants les désirs sexuels, jeux d’argents, tout ce qui ferait péter des câbles à ses parfaits parents. Elle a engagé un grand bonhomme, tatoué de la tête aux pieds, pour gérer officiellement l’établissement, mais Moira continue toujours de tirer les ficelles dans le secret.

Côté coeur, elle n’est pas à plaindre. Même si elle n’est pas le genre de femme à s’attacher, elle est tout de même fiancée à un homme presque aussi grand que son père. Chirurgien et directeur de l’hôpital de Riorim, c’est avec Monsieur Ravenswood que Moira ne tardera pas à échanger ses voeux. Enfin… ça ne l’empêche pas de connaître les bras d’autres hommes, ni lui d’aller courir d’autres femmes. Elle n’a pas l’intention d’arrêter de chercher les plaisirs qu’elle peut trouver aux alentours, et elle n’a pas l’intention de terminer comme sa mère non plus.

crackle bones
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