« Aisling qu’est-ce que tu fais ? » Le petit garçon de six ans se retourna vers sa grand-mère, les yeux pétillant de malice, les mains derrière son dos. « Rien du tout ! » Sa voix fluette était innocente mais tellement rieuse, prouvant le contraire. Reculant de quelques pas, serrant fermement les confiseries dans ses mains, il ne quitta pas des yeux sa grand-mère qui commençait à le sermonner. Puis dans toute sa délicatesse, il trébucha en se prenant les pieds dans le tapis, s’écrasant par la même occasion sur ce qu’il détenait. Poussant un petit cri d’abord de surprise, puis ensuite de douleur, il s’asseyait pour se remettre, en ouvrant ses mains devant lui. Forcément, il avait réduit en miettes les bonbons qu’il avait volé dans le grand pot de la cuisine et les larmes montèrent immédiatement dans ses yeux. « Voila, l’homme de la Lune t’as puni ! Ce n’est pas de bien voler je te l’ai déjà dit ! » Levant ses grands yeux bleus, il ne sortit d’abord que des borborismes à travers ses sanglots. Puis, reniflant, il cria plus fort que ce qu’il n’avait voulu. « Ce n’était pas pour moi mais pour Clotine ! » Emettiant les sucreries sur le tapis, car de toute façon il allait se faire engueuler, il se releva tant bien que mal, passant une main sur son postérieur qui lui faisait mal. « C’était pour lui remonter le moral, parce qu’elle ne va pas bien. Elle fait des cauchemars ... » Croisant ses petits bras sur sa poitrine, il soutient le regard de sa grand-mère, qui devient au fur et à mesure des minutes beaucoup plus doux, jusqu’à ce qu’elle pousse ce fameux soupir, celui qui disait qu’il avait gagné. « Je sais mon petit, je sais. » Et sans dire rien de plus, le petit Aisling regarda sa mamie sortir de la pièce, en ne disant rien de plus ? Regardant ses mains, il soupira lui aussi. Voila, tout serait à recommencer. L’observation, l’attente, la patience, la vivacité et le vol. Bon cette fois, il prendrait peut-être un sac, ça serait certainement plus judicieux que ses mains.Il voulait vraiment rendre son amie heureuse, et il savait qu'elle adorait les sucreries, tout comme lui. Alors qu’il murmurait tout seul, pensant au plan d’attaque qu’il allait devoir remettre en œuvre, n’ayant pas bougé de sa place, il leva la tête un peu étonnée en voyant sa grand-mère avec un gros sac de jute. « Tiens, j’avais prévu de toute façon d’aller voir Dila, alors tu n’aura qu’à prendre de là pour Clotine. » Ses yeux s’écarquillèrent de bonheur en voyant tout ce que contenait le sac, beaucoup plus que ce que lui-même aurait pu donner. « Merci Mamita ! »

« Et c’est alors que le dragon surgit par-delà de la montagne dans un immense bruit d’ouragan. Ses ailes battaient l’air violemment et son souffle était aussi chaud que les tempêtes de la terre des lions. » Ses bras mimèrent les ailes et il fit des drôles de bruits avec sa bouche tandis qu’il courait autour de la petite fille, qui ne perdait pas une miette de l’histoire qui lui racontait. « Son rugissement fut si puissant que les arbres de la plaine s’arrachèrent d’un seul coup, emportés comme de simples fétus de paille. » Il souffla de tout son saoul sur Clotine qui mit ses mains devant. « Hahaha et le dragon il crache aussi de la salive sur les soldats ? » Se stoppant dans son élan, Aisling se plaça devant, l’air outré qu’on puisse le couper comme ça dans son récit. « Non il crache du feu et les soldats ils sont morts ! » Il aurait voulu que la scène soit dramatique, que son amie frissonne de peurs mais tout ce qu’il récolta fut des rires. Bon d’un coté il était content, il avait pu lui faire retrouver le sourire, mais d’un autre il était vexé, que son histoire n’ait pas l’écho voulu. « Je peux continuer ou tu vas gâcher encore l’histoire ? » « Non j’en ai marre, vient on joue à autre chose. » Faisant une grimace, il n’avait pas envie de faire autre chose, il ne voulait pas quitter le doux cocon que son esprit avait crée pour lui. Il allait arriver au moment ou il rentrait en scène, sur son beau cheval blanc, épée en main pour tuer le dragon et surtout pour sauver la princesse. Or tout son monde s’écroula quand il se reçut sur la tête une grosse balle, le faisant tomber sur le sol en pierre. « C’est méchant Clotine ! » « Hahaha tu aurais dû voir ta tête, hahaha allez renvoie la balle. » Encore plus vexé que quand elle l’avait coupé, Aisling se terra dans le silence tout en attrapant la balle. Il se retourna, tira la langue à la fillette et parti en courant dans la direction opposée de la petite place. Elle allait voir de quel bois il se chauffait !

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