FAST - Une envie de fraise (elsa&drago) [V]

Il sentit quelque chose le secoué. Il vivait un vrai tremblement de terre dans ses rêves. Le dragon qui lui tenait le bras gauche et le secouait après avoir ôté la vie à sa famille. Il finit par sursauté et quitta le monde des limbes.

Ce n’était qu’Elsa. Elle l’appelait tout en le secouant vivement de ses frêles mains glacées. Il grogna. Elle réclamait des fraises. Drago la jaugea longuement pour se demander si elle était sérieuse. « Bah t’as des larbins tu leur demande. » mais elle insista. « Vraiment ? Des fraises et du chocolat ? » ...

Au final, il était debout et fermait la porte de la chambre sans aucune délicatesse. Une minute plus tard, on entendit un fracas et le hurlement de Drago. Il venait du Rez-de-Chaussée, mais il avait fait trembler les murs jusqu’à la chambre de son épouse.

Il faisait beaucoup trop chaud et il prenait toute la place. Impossible pour Elsa de se trouver un petit coin frais. C’était un comble pour la Reine des Neiges. Alors elle envoya de façon peu délicate Drago lui chercher des fraises. Littéralement. Et évidemment, elle avait prévu le coup afin de profiter au maximum de draps un peu plus frais sans la cheminée ambulante qui ronflait à côté d’elle. Le marbre du château avait été entièrement recouvert de glace, la surface étant assez lisse pour s’y fracasser facilement et sans aucune grâce. Dès que son mari quitta la pièce, Elsa s’étala en diagonale sur toute la surface de son lit. Et entendit comme un éboulement dans les escaliers. Elle le ressenti même. Le buste qu’un sculpteur avait fait d’elle venait de se briser en chutant de la commode. Je sens que ça va être ma fête. « Rien de cassé ? » demanda-t-elle pour soulager sa conscience. « Les fraises vont bien ? » demanda-t-elle, cette fois réellement inquiète.

Il s’était étalé de tout son long. De la première à la dernière marche, il avait glisser en rebondissant sur son fessier musclé. Enfin, là il devait être plus proche de la compote pour grand-père édenté. Une rage l’avait vite enflammé dès lors sa surprise et sa peur l’avait quitté dans le grand tobogan de glace.

Il avait hurlé sa colère. Il entendit vaguement une miaulement du haut des escaliers. Des gardes étaient arrivés en courant. Drago les repoussa sèchement alors qu’on l’aidait à se relever. Il arracha alors l’hallebarde à l’un des soldats. Il jaugea ensuite les escaliers longuement. Ils étaient encore gelés. Les gardes le jaugèrent lui, inquiets. Celui qui avait été émancipé de ses armes étaient resté les mains serrées dans le vide. « Messire, si vous m’avez oté mon arme dans le but d’atteindre à la vie ... de... la-la-la reine... » et il s’arrêta subitement de parler car l’homme s’approchait dangereusement de lui. Il poussa un nouveau hurlement primaire et le soldat de se figea de peur. Son collègue le traita de mauviette une fois la bête éloignée. Je vais t’en mettre du Messire tu vois voir toi.

Drago décida de remonter en prenant d’autre escaliers. Pas questions qu’il lui donne une nouvelle occasion de se ramasser sur ses maléfices. Soudain, il s’arrêta. « Ah les fraises. » et il fit demi-tour repassant devant les gardes. Donc après un long détour, il remonta dans la chambre. Il avait prit une fraise. Il fusillait la reine des yeux en brandissant le fruit tant désiré. « Tu la vois la fraise là ? Hein ! Tu la vois ? » et il la mit entier dans la bouche avant de la gober. « Toi... Je vais arracher toutes les branches de la forêt de ce putain de fjörd et je te frapperais avec !!! »

Peut-être que si Elsa avait collé son oreille contre le mur, ou son oeil contre la serrure, elle se serait faite toute petite. Mais ce n’était pas le cas, et elle était d’humeur taquine presque. Drago revenait après un peu plus de temps que prévu. Elsa faillit presque s’assoupir. Elle ouvrit les paupières quand elle entendit le vacarme que Drago faisait avec sa lourde corpulence en entrant dans la chambre. « Tout ça pour une fraise ? Je t’avais demandé du chocolat aussi… » Puis il goba le fruit attendu sous les yeux de la Reine. Elle fit mine d’être passée à autre chose. « De toute façon tu as peut-être eu la fraise. Moi j’ai le lit. Tu veux retourner dans l’escalier et te renseigner au cas où une autre chambre serait disponible ? » Moi je ne bouge pas, pensa-t-elle, toujours en essayant d’occuper un maximum d’espace. Qui part à la chasse perd sa place, fraise et chocolat ou non.

Elle n’en avait clairement rien à faire. Il avait encore le corps endoloris de sa chute, gémissant encore des ondes de douleurs là où demain il aurait droit à de joli bleu. Qu’est-ce qu’il allait raconté quand quelqu’un oserait lui demander ce qui lui était arrivé. Avec de la chance, on n’y verrait rien. Il allait peut-être enfin plus se vêtir au grand bonheur de son épouse. Elle ne réagissait même plus à ses menaces. Après la frapper ou la tuer, il lui disait ça tous les jours. C’était presque des mots tendres venant de lui, à force...

Puis elle se moqua gentiment de lui, insolente. Elle lui rit au nez en disant qu’elle avait le lit et qu’il pouvait aller voir ailleurs. Il allait se remettre à hurler des mots-doux mais il se retint. Ses dents grinçait et il serrait l’hallebarde dans sa seule main existante. « Ah tu veux le lit ? » et il s’approcha, brandissait l’arme au-dessus du lit. Or, il ne l’abattit pas sur la Reine, non. Ni même sur le matelas pour lui faire peur mais sur un des baldaquins du lit qui se plia et se fissurait. Un deuxième coup et il se brisa. Il fit le tour du lit et détruisit le deuxième d’un seul et puissant coup. Le haut du lit s’écroula sur le matelas et la reine. « Fais toi plaisir avec ton lit... » siffla la voix de Drago, faisant une révérence pleine de sarcasme et jeta l’arme au sol.

« Non mais ça va pas non ! » Qu’il profère toute sorte de menaces, l’insulte ou grogne, elle en avait l’habitude. Elle avait aussi l’habitude de le voir armé, mais par précaution, elle préférait en avoir peur. Un geste mal placé, une maladresse, et elle se retrouvait coupée en deux. Ou en quatre, si on devait compter la chose qu’elle faisait grandir à l’intérieur. Elle s’était recroquevillé dans un coin du lit, les yeux fermés et crispée, quand les premiers coups résonnèrent contre le bois. Elsa craignait d’avoir déjà perdu un pied. Quand elle rouvrit les yeux, elle s’indigna. « Mais tu fais quoi ! » cria-t-elle. « C’était le chêne sous lequel mes parents se sont fiancés ! » C’était seulement l’ancien chêne de la petite cour, mais on pouvait très bien imaginer le jeune couple royal se fiancer près de l’arbre. Et Elsa aimait rajouter un peu de sentimentalité, elle trouvait que ça faisait culpabiliser plus facilement. En attendant, elle était toujours coincée dans son coin de lit, cette fois prise dans les rideaux fins tombés avec les baldaquins. La reine fit venir un bon coup de vent lorsque la main de son mari lâcha l’arme. Plutôt que de ne blesser que le sol, elle vint s’abattre sur la prothèse de Drago, elle aussi lâchement jetée au sol. « Et ça aurait très bien pu être sur ton pied. »

La Reine d’Arendelle paraissait au début effrayé par l’attitude de son époux ce qui fit plaisir à ce dernier. De la voir sursauter quand il s’approchait, de se sentir craint par cette femme qui si elle n’y avait qu’elle dans l’histoire, aurait pu le tuer d’un claquement de doigt. Oui, il y avait de quoi se sentir fier. Il brisa alors les baldaquins un à un et le haut du lit s’effondra. Elle aboya la valeur sentimentale de son lit. Drago s’arrêta avant la dernière colonne. « J’ai l’air d’avoir quelque chose à en curer ? » et il brisa le dernier. Elle voulait le lit, elle l’avait !

Il lâcha son arme et elle lui revint dessus violemment à cause d’une bourasque de vent glacé. Les pouvoirs de la reine. La lance lui arracha son faux-bras. Il n’avait pas bougé d’un poil, ou peut-être s’était-il légèrement penché pour éviter le retour de l’arme. Elle en rajouta une couche en disant qu’encore, elle était gentille. Drago la dévisagea avec un rictus mauvais. « Bah t’aurais peut-être du ! Ca m’empêcherait de venir te botter le derrière ! » fit-il approchant d’un pas vers elle, mais s’abstenant d’aller plus loin. Sa raison le contenait encore. « Tu sais faire des châteaux et des bonhommes de neige. Bah écoute... Amuse toi ! T’as qu’à te faire un lit car tu quitteras pas cette chambre pour te trouver un autre lit. Trop facile. Tu restera ici et t’as qu’à t’étouffer avec tes fraises ! » beugla t-il avant de sortir de la chambre en claquant la porte, coinçant un candélabre en travers pour la condamnée.

En fait, il faisait surtout ça pour éviter de lui tordre le cou. Elle commençait sincèrement à lui taper sur les nerfs avec sa grossesse, ses caprices, sa soeur congelée et les guerres.